Milan noir

Je vole avec toi, ton ombre passe, me recouvre, s’en va. Me vois-tu sous mes cheveux ou dans l’herbe séchée où tu cherches à plonger ? Mes pieds sont à la terre, mais mes orteils parlent à tes plumes. Je vole avec toi par dessus les tracteurs et la poussière derrière eux. Je te conduis à travers champs. Tu es là, et en un instant : tu es là ! Roule avec moi jusqu’à l’ascendance la plus proche. L’air s’enroule autour de ton vol, il te porte où bon te semble au moindre tressaillement d’une de tes plumes. Vous vous révélez aux arbres de derrière lesquels vous venez. En bas je plante un piquet dans la terre. Elle est dure-sèche. Votre ombre de passage n’est qu’un réconfort quand l’été arrive si fort. Voulez-vous de la pluie ? Nous en bas, vous en haut, nous en bas, vous en haut. Ça s’éternise votre vol à mes yeux. Demain les yeux fermés je vous verrai. Je serai encore plus bas, mais vous volerez en dessous de moi dans la terre. Je suis de la hauteur des graminées et des montagnes. Je les vois les montagnes quand je serre votre cou et que j’embrasse votre regard. Je me regarde dans le tracteur qui tourne autour du champ, qui tourne l’herbe qui sèche. Mon ombre est plus grande que moi qui ne suis qu’une tête et des épaules. Elle est ma masse je suis sa gravité. Mon ombre quand elle croise la vôtre qui passe en elle, se confond, c’est la vôtre. Prenez-la hors des sillons terrestres, oh que trop terrestres ! Elle veut vivre sa vie d’oiseau elle aussi. Le ciel au-dessus de la terre ça a l’air bien. Mon amour viens.


2006