Où la ville eut été


[pour Rostia Kunovsky]

Le gris du béton rongé du périphérique
noirci des trajets journaliers incessants
creuse les cernes profonds de Paris.

Couchées, étendues, enchevêtrés
les mots tombés hier des bouches de la ville
habitent maintenant la toile d’un peintre.

L’un sur l’autre le bruit des pas
la sirène et le souffle du blessé
comme une musique ne peut mourir.

L’écorce des vieux bouleaux sur les quais
entaillés d’initiales et de cœurs serrés
donne à la Seine une leçon d’histoire.

Où vit la forêt des langues maternelles
parmi les immeubles luisant au soleil
le peintre marche dans le paysage déchaussé.


2010